Le milieu du gué
La chaleur bouillante qui règne actuellement me scie les jambes. Je n'aime pas du tout ces températures étouffantes qui ne riment à rien, surtout en ville. L'été, pourquoi pas. Mais pas à ces doses. Certaines et certains me posaient la question : "Mais en Afrique, il fait très chaud..." Il est vrai, encore que ce ne soit pas le cas partout et en toutes saisons. On verra bien, cela n'est pas de nature à freiner ma passion : la chaleur fait partie de l'Afrique, je fais avec. Les journaux sont, l'été, par tradition remplis d'une actualité allégée, parfois peu interessante. Pourtant.... on trouve dans "Le Monde" une excellente série sur les grands cafés à travers le monde. On se ballade ainsi de Venise à Lisbonne, en passant par Vienne. Le tout signé par l'écrivain Michel Braudeau. Plume alerte, nostalgique ; amoureuse des beaux mots et délicieusement sensuelle. J'ai lu de lui cette année un livre qui fut pour moi une révélation (j'en ai parlé ici) : "Pérou". Histoire (vraie ?) d'un jeune instituteur qui tombe amoureux d'une élève, guère moins âgée que lui. Tout est en retenues, suggestions, allusions. Les descriptions du corps de la jeune fille sont extraordinairement sensuelles, les émois de l'instituteur superbement écrits.
Dans "Libération", une des séries concerne les frontières entre certains états. Frontières réelles ou imaginaires. Ainsi on voit très bien comment ont été tracées au cordeau, par le colonisateur, et en dépit de tout bon sens certaines limites d'états africains. Puisqu'on parle de ce journal, j'ai assez peu apprécié l'article, très bref, concernant la mort de Gérard Oury. Certes ce n'était pas un cinéaste que l'on pourrait appeler "auteur", certes il ne faisait pas passer dans ses films quelque message que ce soit mais quand même ! Il était un cinéaste populaire, certains de ses films sont vraiment dans leur genre des summums de comique, très bien écrits, bien filmés et efficaces. Et en parler comme le journal le fait, à savoir quelques lignes méprisantes parce que l'homme agissait dans le niveau populaire est franchement injuste et bien significative de ce esprit "élitaire" bien pensant. Détestable.