969.Le plein, le vide.
Mon fils est à Paris pour quelques jours, il est venu disputer la finale de la coupe de France pupilles de karaté. Tout cela se passait au Centre National du Judo, porte de Chatillon. Sa mère l'accompagne. Toujours aussi étrange tant d'années après notre séparation de nous retrouver, tous les trois, autour d'une table d'un bistro pour déjeuner. Des moments pleins de vides, de grands vides de silence où chacun reste sur ses gardes ou du moins c'est l'impression que retient l'autre. Le temps qui file entre les doigts, un temps que rien ne peut retenir. Le coeur qui soupire sur les années qui ont passé, sans que l'on s'en rende compte et mes yeux regardent cette femme que j'ai aimé : je vois les premières rides, premiers sillons ; je vois un regard fatigué, un air ailleurs. J'imaginais toujours la mère de mon fils comme je l'avais connue, à un peu plus de trente ans ; je ne l'avais pas regardé vieillir. Elle doit penser la même chose quand elle me fixe parfois avec ses yeux gris clair. Je lui demande comment ca va au boulot. Elle coupe sa salade. J'allume une cigarette. Les passants passent. Paris a chaud cet après midi, la rue d'Alésia est brouillée par la chaleur qui monte. Les terrasses des cafés sont pleines.
Je me sens vide.